Vérité et mémoire

Les initiatives de recherche et de divulgation de la vérité peuvent jouer un rôle puissant dans la documentation et la reconnaissance des violations des droits de l’homme. Les initiatives de commémoration contribuent également à la compréhension publique des abus passés. Le travail de l’ICTJ sur la vérité et la mémoire vise à faire progresser le droit à la vérité et à fournir un soutien et des conseils aux initiatives de vérité et de mémoire dans le monde entier. 

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Une photo en noir et blanc endommagée d'une femme cambodgienne.

« La justice transitionnelle a des mécanismes différents. Je n’ai cessé d’encourager des femmes à porter plainte, car lorsque vous avez des témoignages similaires de personnes différentes à la même période, ils se soutiennent mutuellement. Cela vous indique que les violations étaient systémiques. » 

Najat, femme tunisienne qui a témoigné à l’Instance Vérité et Dignité

Au lendemain d’un conflit dévastateur ou d’un régime répressif, connaître la vérité sur le passé est plus qu’une étape importante vers la justice ; c’est un droit humain reconnu pour toutes les victimes et survivants de violations des droits de l’homme. Le droit international reconnaît clairement le « droit de connaître les circonstances des violations graves des droits de l’homme des victimes et de savoir qui en est responsable ». 

Il est particulièrement important de faire respecter ce droit, étant donné que souvent les régimes répressifs réécrivent délibérément l’histoire et nient les atrocités afin de se légitimer, d’alimenter la méfiance, voire d’instiguer de nouveaux cycles de violence. La recherche de la vérité contribue à la création d’un dossier historique qui empêche ce type de manipulation.  

Une recherche efficace de la vérité renforce la justice et peut mettre en branle d’autres formes de justice. Elle peut également fournir des informations importantes et fiables sur lesquelles s’appuient l’enregistrement des victimes et les affaires pénales. Elle constitue enfin une plateforme importante permettant aux victimes d’exprimer leurs expériences et leurs demandes, ce qui peut contribuer à la conception et à l’application de réparations et de réformes significatives. La recherche de la vérité peut aider les victimes à tourner la page en révélant des détails tels que le sort de proches disparus de force ou les raisons pour lesquelles certaines personnes ont été la cible d’abus.  

Les victimes de violations des droits de l’homme ne peuvent pas oublier, et les États ont le devoir de préserver la mémoire historique des périodes de violence et de répression. À cet égard, les mémoriaux architecturaux, les musées et les activités commémoratives sont des initiatives éducatives indispensables qui permettent d’établir une mémoire publique et servent de bastion contre le déni et la récidive. Dans de nombreux cas, les activités de recherche de la vérité et de commémoration menées par la société civile ont servi de catalyseur pour que les États assument leurs responsabilités. Souvent, les formes artistiques et non officielles de recherche et d’expression de la vérité constituent le moyen le plus efficace de toucher un large public et d’amorcer les changements culturels nécessaires à un avenir pacifique et inclusif.

L’approche de l’ICTJ 

L’ICTJ reconnaît que la recherche de la vérité peut prendre de nombreuses formes, et nous nous efforçons de soutenir un large éventail d’efforts aux niveaux local, national et international. Nous offrons un soutien direct et des conseils partout où c’est nécessaire pour aider à faire la lumière sur des histoires qui sinon pourraient être réduites au silence, et à découvrir les causes sous-jacentes et les conséquences des conflits et de la répression sur la vie des victimes. L’ICTJ offre des conseils techniques spécifiques au contexte à des initiatives aussi diverses que des projets de documentation officiels ou menés par la société civile, des commissions de vérité gérées par l’État, des commissions d’enquête et de recherche des disparus, des projets de théâtre, de cinéma et autres projets artistiques, des audiences publiques menées par la société civile, et autres efforts novateurs.  

Au niveau national, nous poussons les gouvernements et les soutenons dans leurs efforts pour développer des mandats inclusifs et spécifiques au contexte pour les commissions de vérité et les entités similaires. Une fois établis, l’ICTJ soutient la mise en œuvre de ces processus en partageant des expériences comparatives pertinentes et en offrant des conseils sur les politiques et procédures efficaces, les structures organisationnelles, les stratégies de sensibilisation, les domaines clés de la recherche et la tenue d’audiences publiques efficaces, entre autres. 

De même, nous soutenons la société civile en facilitant les plateformes d’engagement direct avec les acteurs étatiques, ainsi qu’en offrant une assistance technique et des conseils sur les initiatives indépendantes de vérité et de mémoire. Dans certains cas, ces efforts visent à combler les lacunes laissées par les processus menés par l’État ; dans d’autres, ils sont des catalyseurs, poussant à révéler la vérité non encore dite et narrant les histoires des victimes lorsque les gouvernements ne le font pas.  

Au niveau international, l’ICTJ réfléchit continuellement aux leçons apprises et les consolide afin d’offrir des orientations politiques claires, de développer des ressources pratiques et de mener d’autres formes d’éducation et de sensibilisation du public. L’ICTJ aide également les mécanismes de recherche des faits et de la vérité dirigés par les Nations unies ou d’autres acteurs internationaux.  

À tous ces niveaux et types de travaux sur la vérité et la mémoire, l’ICTJ encourage toujours les efforts qui répondent aux besoins particuliers des différents groupes et communautés basés sur des facteurs tels que le genre, l’origine ethnique, la religion, l’âge et la géographie.