Justice de genre

Les violations des droits humains peuvent avoir des conséquences particulières pour les femmes et les autres personnes ciblées en raison de leur genre ou de leur identité sexuelle. L’ICTJ aide les victimes à exercer leurs droits à la justice, la vérité et la réparation, et à affirmer leur dignité en leur fournissant un accompagnement, un soutien et des réponses adaptées. Nous soutenons les victimes dans leur quête de reconnaissance et de responsabilité pour les violations sexuelles et sexistes commises dans des situations d’abus systémiques. 

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Des femmes vêtues de vêtements colorés s'assoient ensemble et lisent un livre.

« Pourquoi une lutte devrait-elle se dérouler sur mon corps ? » 

Jacqueline Mutere, fondatrice de Grace Agenda, Kenya 

En période de conflit ou d’autoritarisme, les femmes deviennent souvent la cible de violations des droits humains en raison de leur sexe et de la marginalisation dont elles sont victimes dans de nombreuses sociétés. Elles peuvent être soumises à des violences physiques et sexuelles, ainsi qu’à d’autres violations qui les affectent de manière particulière, comme la disparition forcée de leurs proches, le déplacement et la discrimination socio-économique. 

Par exemple, les femmes dont le mari a disparu de force lors d’un conflit peuvent subir un traumatisme psychologique prolongé, des obstacles juridiques injustes et d’autres formes de discrimination en raison de leur statut ambigu de femme ni mariée ni officiellement veuve. Elles courent un plus grand risque d’exploitation en raison de la pauvreté aggravée par la perte du principal soutien de famille et de l’ostracisme de leur famille et d’autres réseaux sociaux proches. 

Aggravant ces préjudices, la capacité des femmes à obtenir un recours est souvent très limitée, en raison des inégalités structurelles. Les mécanismes de justice transitionnelle eux-mêmes peuvent être aveugles aux besoins particuliers des femmes s’ils sont mal conçus, et les réponses peuvent refléter les déséquilibres de pouvoir entre les sexes dans la société en général. 

Si les femmes sont souvent parmi les plus marginalisées de la société, ce qui nécessite une attention spécifique et des réponses ciblées en matière de justice transitionnelle, la justice de genre ne concerne pas uniquement les femmes. Toutes les expériences des victimes doivent être évaluées en fonction de leurs implications sexospécifiques. Une approche de la justice transitionnelle sensible au genre examine et traite l’ensemble des expériences, y compris celles des victimes masculines dans des contextes particuliers ainsi que celles des victimes LGBTQI. 

La justice transitionnelle peut-elle contribuer à promouvoir la justice pour les victimes de violences sexuelles et sexistes ? 

Les réponses de la justice transitionnelle aux violations sexospécifiques commises pendant des conflits ou sous des régimes autoritaires sont essentielles pour garantir la justice aux victimes, lutter contre la marginalisation des femmes et prévenir de futures violations à l’encontre des femmes et d’autres groupes ciblés en raison de leur sexe. Il est tout aussi important de veiller à ce que les mesures de justice transitionnelle abordent de manière significative les causes et les conséquences de tous les abus contre les femmes, même ceux qui ne sont pas intrinsèquement fondés sur le genre. 

Au cours des dernières décennies, des progrès considérables ont été réalisés en termes de reconnaissance publique de l’inégalité entre les sexes, de la discrimination et des violations des droits humains fondées sur le genre. Trop souvent, cependant, ces reconnaissances ne se traduisent pas par une mise en œuvre effective. Cet échec est dû en grande partie à un manque de connaissances techniques sur la manière d’appliquer des mesures qui encouragent la participation des femmes et traitent de manière adéquate la nature sexospécifique des violations des droits humains. 

Cette lacune est aggravée lorsque les femmes sont également exclues du processus décisionnel. Les femmes doivent jouer un rôle central dans la conception et l’application des mesures de justice transitionnelle si l’on veut répondre correctement à leurs besoins. C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre une politique dans un contexte de violence sexuelle et sexiste permanente, où la volonté et la capacité des autorités à enquêter font défaut. 

L’approche de l’ICTJ 

L’objectif de l’ICTJ est de s’assurer que les victimes de violations fondées sur le genre s’engagent de manière significative dans les mesures de justice transitionnelle, et que ces mesures traitent efficacement les causes et les conséquences des violations sexospécifiques des droits humains.  

L’approche principale de l’ICTJ consiste à fournir une assistance technique dans des contextes particuliers, notamment en établissant des partenariats avec des groupes de victimes, des activistes et des fonctionnaires afin de développer des politiques et processus sensibles et réactifs au genre, qui soient informés des priorités de toutes les victimes. L’ICTJ veille à ce que ces efforts favorisent une justice significative pour les violations sexuelles et sexistes, abordent plus largement les implications sexospécifiques des violations des droits humains et créent de manière proactive des espaces sûrs et accessibles pour les victimes les plus vulnérables et marginalisées.  

Le programme d’études de l’ICTJ sur le genre et la justice transitionnelle, qui s’appuie sur des décennies de travail, vise à aider les acteurs et praticiens de la société civile à intégrer ces connaissances fondamentales et techniques dans leur travail et leurs formations.  

En plus de l’assistance spécifique au contexte, l’ICTJ fournit également de nouvelles perspectives sur la façon dont la justice transitionnelle peut aborder la dynamique de la violence liée au genre, et contribue aux débats politiques mondiaux sur la question. Grâce à des recherches novatrices sur des sujets qui n’ont souvent guère reçu d’attention préalable – tels que l’impact des disparitions forcées sur les femmes ou la violence sexuelle contre les hommes et les garçons –, l’ICTJ cherche à repousser les limites et à s’assurer que les normes et les meilleures pratiques existantes correspondent bien aux réalités quotidiennes des victimes. L’ICTJ travaille également en étroite collaboration avec les victimes et les groupes de la société civile à cette fin. Par exemple, l’ICTJ a aidé Colombia Diversa dans son projet d’étude des crimes systématiques commis contre les personnes LGBT pendant le conflit armé du pays, qui a abouti à des propositions à la Commission de vérité et à la Juridiction spéciale pour la paix.  

ICTJ Experts

Kelli Muddell

Kelli Muddell

Experte principale, Programmes