Le développement durable

Les pays et communautés qui ont subi des violations graves des droits de l’homme doivent relever d’immenses défis pour parvenir au développement durable. En traitant ces violations et leurs conséquences, la justice transitionnelle peut contribuer à faire progresser le développement d’une société en la rendant plus pacifique, plus inclusive et plus équitable. 

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Plusieurs femmes et hommes sont assis à l'intérieur sur un podium surélevé avec une foule devant eux, avec des carrés colorés sur le mur derrière eux.

L’Agenda 2030 pour le développement durable figure parmi les cadres politiques internationaux les plus importants. Adoptés par l’Assemblée générale des Nations unies en 2015, les Objectifs de développement durable (ODD) sont un ensemble d’objectifs et de cibles universels qui comprennent un « plan d’action » pour la paix et la prospérité mondiales. Et s’ils se concentrent sur les éléments économiques, sociaux et environnementaux du développement durable, les ODD contribuent à façonner le discours, les objectifs et les priorités mondiales pour toute une gamme de domaines. 

L’Agenda 2030, qui a été critiqué pour sa négligence des droits de l’homme, ne fait pas explicitement référence aux violations des droits ou aux efforts visant à remédier à leurs séquelles, bien que les sociétés qui ont subi des violations graves soient confrontées à des défis particuliers et immenses pour progresser vers les ODD. En effet, avec un nombre massif de victimes, des communautés divisées, des griefs généralisés, des institutions faibles et peu fiables et des ressources épuisées, ces pays ne peuvent pas aborder le développement de la même manière que ceux qui n’ont pas subi de tels traumatismes. Pour les victimes qui font déjà partie des plus pauvres et des plus marginalisées de la société, l’accès à la justice est souvent trop complexe pour les approches standard de renforcement des capacités institutionnelles et de réduction de la pauvreté. 

Si les ODD ne font pas référence à la justice transitionnelle, ils comprennent toutefois de nombreux objectifs et cibles auxquels la justice transitionnelle peut contribuer. Les cibles de l’ODD16, par exemple, comprennent l’établissement de l’état de droit, l’amélioration de l’accès à la justice, la réduction de la violence, la création d’institutions inclusives et la lutte contre la corruption, tandis que celles de l’ODD5 visent à accroître l’égalité des sexes et celles de l’ODD10 à réduire les inégalités au sens large. Dans les contextes de justice transitionnelle, ces objectifs ont peu de chances d’être atteints de manière réellement durable si les violations massives du passé ne sont pas traitées. 

 

Le rôle de l’ICTJ 

L’ICTJ adopte les ODD comme une lentille permettant de voir la valeur de ses politiques, de ses recherches et de ses programmes liés à la paix et au développement durables. Au niveau politique, nous organisons le Groupe de travail sur la justice transitionnelle et les ODD16+, composé de gouvernements, d’organisations non gouvernementales et d’organisations internationales, et qui a publié en 2019 un rapport intitulé Sur des bases solides : Bâtir une paix et un développement durables après des violations massives des droits humains. Pour maximiser la contribution de la justice transitionnelle au développement durable, ce rapport plaide en faveur d’une approche spécifique au contexte et au genre ; conçue pour favoriser un changement à long terme ; appartenant aux victimes, aux acteurs de la société civile et au gouvernement local et dirigée en grande partie par eux ; innovante, pragmatique et orientée vers la résolution des problèmes ; et soutenue mais non conçue ni mise en œuvre par des acteurs internationaux. 

Le message du groupe de travail a été référencé dans les rapports du Groupe de travail international de haut niveau sur la justice et de l’Alliance mondiale pour la communication des progrès des sociétés pacifiques, justes et inclusives. En outre, la Déclaration de La Haye de 2019 sur l’égalité d’accès à la justice pour tous d’ici 2030 a souligné la nécessité de s’attaquer aux séquelles des violations des droits de l’homme, démontrant ainsi l’impact de nos politiques sur l’Agenda 2030. 

L’ICTJ participe également aux discussions politiques sur les ODD par le biais de dialogues avec les décideurs politiques et par la diffusion de recherches sur des questions telles que l’offre de justice aux victimes dans des contextes fragiles, les synergies entre les réparations et les programmes de développement, la mesure des progrès et des résultats, et la contribution de la justice transitionnelle à la prévention. Nous travaillons avec des partenaires au niveau international tels que les Pathfinders for Peaceful, Just and Inclusive Societies et la Knowledge Platform Security and Rule of Law. 

L’ICTJ cherche à s’assurer que l’Agenda pour le développement durable accorde une attention adéquate aux défis spécifiques posés par les violations massives du passé et à l’intérêt d’y répondre. Si de nombreux pays qui ont connu de telles violations continuent de progresser vers la réalisation des ODD, ils sont également confrontés à d’immenses obstacles pour rétablir la confiance des communautés victimes et marginalisées et reconstruire les institutions. L’ICTJ mène des efforts au sein de la communauté internationale pour travailler avec ces pays afin de faire face à leur passé dans le but de créer un meilleur avenir.