Au lendemain d’un conflit dévastateur ou d’un régime répressif, connaître la vérité sur le passé est plus qu’une étape importante vers la justice ; c’est un droit humain reconnu pour toutes les victimes et survivants de violations des droits de l’homme. Le droit international reconnaît clairement le « droit de connaître les circonstances des violations graves des droits de l’homme des victimes et de savoir qui en est responsable ».
Il est particulièrement important de faire respecter ce droit, étant donné que souvent les régimes répressifs réécrivent délibérément l’histoire et nient les atrocités afin de se légitimer, d’alimenter la méfiance, voire d’instiguer de nouveaux cycles de violence. La recherche de la vérité contribue à la création d’un dossier historique qui empêche ce type de manipulation.
Une recherche efficace de la vérité renforce la justice et peut mettre en branle d’autres formes de justice. Elle peut également fournir des informations importantes et fiables sur lesquelles s’appuient l’enregistrement des victimes et les affaires pénales. Elle constitue enfin une plateforme importante permettant aux victimes d’exprimer leurs expériences et leurs demandes, ce qui peut contribuer à la conception et à l’application de réparations et de réformes significatives. La recherche de la vérité peut aider les victimes à tourner la page en révélant des détails tels que le sort de proches disparus de force ou les raisons pour lesquelles certaines personnes ont été la cible d’abus.
Les victimes de violations des droits de l’homme ne peuvent pas oublier, et les États ont le devoir de préserver la mémoire historique des périodes de violence et de répression. À cet égard, les mémoriaux architecturaux, les musées et les activités commémoratives sont des initiatives éducatives indispensables qui permettent d’établir une mémoire publique et servent de bastion contre le déni et la récidive. Dans de nombreux cas, les activités de recherche de la vérité et de commémoration menées par la société civile ont servi de catalyseur pour que les États assument leurs responsabilités. Souvent, les formes artistiques et non officielles de recherche et d’expression de la vérité constituent le moyen le plus efficace de toucher un large public et d’amorcer les changements culturels nécessaires à un avenir pacifique et inclusif.