Afghanistan

Après le retrait rapide des forces américaines et la prise du pouvoir par les talibans en août 2021, l’Afghanistan se trouve à nouveau au cœur de la tempête. Les libertés durement acquises par la nation sont en train de s’effriter, tandis que la violence et la répression augmentent et qu’un État islamique au Khorassan enhardi étend son emprise. L’ICTJ travaille avec ses partenaires en Afghanistan pour documenter les abus passés et actuels et plaider pour des politiques axées sur la justice et des approches centrées sur les victimes.

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Image de femmes manifestant à Kaboul contre la loi chiite sur le statut personnel, qui, selon les critiques, légalise le viol conjugal

En 2009 à Kaboul, des femmes protestent contre la loi sur le statut personnel chiite, qui, selon les critiques, légalise le viol conjugal. (Holly Pickett)

Actuel

Contexte 

En 2001, une invasion militaire de l’Afghanistan menée par les États-Unis a renversé le régime taliban, cherchant à mettre fin à des décennies de violence et de conflit caractérisées par des violations systématiques et généralisées des droits de l’homme et du droit humanitaire. Si l’intervention militaire, en 20 ans de présence, n’a finalement pas apporté de paix durable au pays, elle a permis l’enracinement d’une culture des droits de l’homme et le développement d’une société civile forte et indépendante.  

En 2002 a été créée la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan (AIHRC) afin de contrôler et protéger les droits de l’homme dans le pays. En partenariat avec des organisations de la société civile afghane, l’AIHRC y a recensé les violations graves des droits de l’homme. Elle a également été le fer de lance des consultations nationales sur les approches centrées sur les victimes visant à demander des comptes aux auteurs des exactions, et a mené de nombreuses initiatives pour sensibiliser les Afghans à leurs droits, faire entendre la voix des victimes de violations et favoriser le débat public sur la manière d’instaurer une paix durable.  

Les différents processus mis en place pour reconstruire le pays – notamment les efforts de désarmement, des élections démocratiques et des réformes juridiques – n’ont pas permis en fin de compte de maintenir un niveau minimal de responsabilisation. De nombreux individus dont les antécédents en matière de droits de l’homme sont douteux ont retrouvé le chemin du pouvoir. Un régime oppressif a été remplacé par un système corrompu. De nombreux Afghans étaient toujours confrontés à la pauvreté et aux inégalités, sans compter les conséquences des violations massives des droits de l’homme.   

En 2010, face à une insurrection croissante, le gouvernement afghan a fait part de son intention de négocier avec les talibans et d’autres groupes d’insurgés. Le changement de présidence des États-Unis en 2016 a entraîné une réorganisation des priorités et objectifs de la politique étrangère américaine en Afghanistan. Peu après, les États-Unis ont entamé des négociations avec les talibans et, en février 2020, les deux parties ont signé à Doha l’Accord pour ramener la paix en Afghanistan. Par la suite, le gouvernement afghan et les talibans ont tenu des pourparlers de paix. Toutefois, ces pourparlers n’ont pas pu sauver le pays du chaos imminent qui a suivi le retrait rapide des forces américaines et de l’OTAN et la prise du pouvoir immédiate par les talibans en août 2021.  

Depuis lors, la situation des droits de l’homme en Afghanistan n’a cessé de se détériorer. Les actes de répression et de violence se sont multipliés, notamment à l’encontre des femmes et des filles qui se retrouvent désormais privées de leurs droits fondamentaux, ainsi que des minorités religieuses qui sont depuis longtemps persécutées dans le pays. Un État islamique au Khorassan regaillardi menace encore davantage la sécurité et les droits de l’homme en Afghanistan.

Le rôle de l’ICTJ 

Dans ce contexte difficile, l’ICTJ travaille en étroite collaboration avec ses partenaires afghans pour faire avancer des initiatives réalistes axées sur les victimes afin de lutter contre les violations des droits de l’homme.  

  • Nous continuons à soutenir et conseiller l’AIHCR dans ses efforts permanents pour s’engager directement auprès des victimes, sensibiliser et promouvoir le dialogue sur les droits des victimes et la justice. 
  • Nous aidons les organisations de la société civile afghane à renforcer leur capacité à documenter les violations des droits de l’homme et à demander des comptes aux responsables, par des moyens autres que les poursuites pénales et par l’usage d’outils de communication innovants.  
  • Nous soutenons les efforts de nos partenaires afghans pour préserver la mémoire des victimes et les récits de guerre, d’injustice et de survie.  
  • Nous soutenons les initiatives internationales visant à faire progresser la justice et la responsabilisation pour toutes les victimes afghanes. 
  • Nous fournissons des conseils stratégiques sur l’Afghanistan aux membres de la communauté internationale sur la base d’analyses d’experts, et facilitons les échanges entre eux et nos partenaires afghans.